Les
mouvements sociaux africains profitent du forum pour demander aux populations
africaines de produire ceux qu’ils consomment et consommer ceux qu’ils génèrent.
Le
Forum social africains, c’est aussi la promotion du patriotisme économique. Les
vendeurs de médicaments traditionnels attiraient un peu les participants ce
dimanche matin du 19. Teint noir, l’air sage, « Je suis tradi-thérapeute malien », explique Yacouba Fomba
(participant), un homme d’une quarantaine d’année. Comme lui, Koriam Berthé,
une femme de 57, vend les mêmes produits. Elle est membre de kènèya yirwaton (la
santé pour tous en bamanan).
Assis
derrière une table sur laquelle des produits sont exposés, M. Fomba sort de son
stand où il discutait avec des participantes maliennes. Il peste : « Les tradi-thérapeutes sont marginalisés en
Afrique de l’Ouest. C’est pourquoi nous invitons nos frères de la sous-région à
se joindre à nous afin de mettre en place une organisation forte. »
Awa
Traoré est transformatrice de produits locaux. Assise dans son stand, sa petite
fille de deux ans environ joue à coté. Selon la jeune mère de 27 ans, le forum
permet d’élargir leurs contacts. « Des participants souhaitent une
collaboration quant au ravitaillement en beurre de karité, de fonio
précuits… », Révèle-t-elle. Un homme, la cinquantaine révolu, sort de
nulle part. Tout de bogolan (tenue traditionnelle) vêtu, casquette de même
couleur, il lance : « Notre
sommes au forum pour la promotion de la science africaine. Les échantillons
sont vendus à cette fin. »
Les
yeux dormants, le verbe difficile, le guérisseur agrée par son Etat, M. Fomba,
ajoute qu’il participe au forum, non pas pour la vente de produits, mais pour
la promotion du savoir africain. « Nous
avons participé à des panels. Le but était de mettre fin à des préjugés. Nous
sommes dénigrés au motif que nos médicaments ne sont pas dosés, entre autre »,
déplore-t-il d’un ton nerveux. Selon lui, ces calomnies sont de nature à ternir
leurs images. Mais il se réjouit du fait que des africains ont compris que les
tradi-thérapeutes détiennent des agréments, des cartes professionnelles
délivrés par l’Etat.
Toutefois,
il invite les autorités à soutenir le secteur. Car selon lui, les populations
africaines n’ont pas les moyens de se soigner à base de produits chimiques
importés. Contrairement aux pays occidentaux où c’est l’Etat qui garantit la
santé des citoyens.