lundi 27 octobre 2014

FORUM SOCIAL AFRICAIN DAKAR 2014 : Espace de promotion de produits locaux

Les mouvements sociaux africains profitent du forum pour demander aux populations africaines de produire ceux qu’ils consomment et consommer ceux qu’ils génèrent.

Le Forum social africains, c’est aussi la promotion du patriotisme économique. Les vendeurs de médicaments traditionnels attiraient un peu les participants ce dimanche matin du 19. Teint noir, l’air sage, « Je suis tradi-thérapeute malien », explique Yacouba Fomba (participant), un homme d’une quarantaine d’année. Comme lui, Koriam Berthé, une femme de 57, vend les mêmes produits. Elle est membre de kènèya yirwaton (la santé pour tous en bamanan).

Assis derrière une table sur laquelle des produits sont exposés, M. Fomba sort de son stand où il discutait avec des participantes maliennes. Il peste : « Les tradi-thérapeutes sont marginalisés en Afrique de l’Ouest. C’est pourquoi nous invitons nos frères de la sous-région à se joindre à nous afin de mettre en place une organisation forte. »

Awa Traoré est transformatrice de produits locaux. Assise dans son stand, sa petite fille de deux ans environ joue à coté. Selon la jeune mère de 27 ans, le forum permet d’élargir leurs contacts. « Des participants souhaitent une collaboration quant au ravitaillement en beurre de karité, de fonio précuits… », Révèle-t-elle. Un homme, la cinquantaine révolu, sort de nulle part. Tout de bogolan (tenue traditionnelle) vêtu, casquette de même couleur, il lance : « Notre sommes au forum pour la promotion de la science africaine. Les échantillons sont vendus à cette fin. »

Les yeux dormants, le verbe difficile, le guérisseur agrée par son Etat, M. Fomba, ajoute qu’il participe au forum, non pas pour la vente de produits, mais pour la promotion du savoir africain. « Nous avons participé à des panels. Le but était de mettre fin à des préjugés. Nous sommes dénigrés au motif que nos médicaments ne sont pas dosés, entre autre », déplore-t-il d’un ton nerveux. Selon lui, ces calomnies sont de nature à ternir leurs images. Mais il se réjouit du fait que des africains ont compris que les tradi-thérapeutes détiennent des agréments, des cartes professionnelles délivrés par l’Etat.

Toutefois, il invite les autorités à soutenir le secteur. Car selon lui, les populations africaines n’ont pas les moyens de se soigner à base de produits chimiques importés. Contrairement aux pays occidentaux où c’est l’Etat qui garantit la santé des citoyens.




lundi 20 octobre 2014

L’Afrique ne peut être sauvée que par les africains

Les rideaux sont tombés sur la 7ème édition du Forum Social Africain. Pendant 5 jours les altermondialistes se sont réunis à Dakar pour réfléchir sur les problèmes qui plombent l’émergence sociale et économique du continent. C’est l’occasion de s’interroger sur l’utilité de ce rendez-vous des altermondialistes.

L’Afrique est sans doute l’un des continents les mieux dotés par la nature. Son sous sol renferme une importante réserve de minerais et de ressources naturelles. Ses terres sont vastes et fertiles. Ses eaux, situées dans la zone tropicale, riches en ressources halieutiques. De plus, alors que les autres continents connaissent un ralentissement démographique et un vieillissement de la population, l’Afrique connait une démographie galopante et une population jeune. Malgré tous ces avantages, l’Afrique tarde à décoller. Une majorité d’Africains vivent encore dans la précarité et le dénuement. Comment expliquer le contraste entre la richesse naturelle du continent africain et la misère des africains ? 

« L’Afrique n’est pas pauvre, elle souffre d’un manque de leadership », déclare notamment Aminata Traoré. Autrement dit, ceux qui président aux destinées des peuples africains n’ont pas toujours la poigne, la compétence et le patriotisme qui font les bons leaders. Ce sont pour la plupart des chefs d’Etat en manque de légitimité qui sont davantage préoccupés par leur avenir électoral et leurs intérêts personnels que par le sort de leur peuple.

 Leur présidence ne profite donc qu’à leur entourage. Cette déplorable situation ne provoque l’indignation des puissances occidentales que quand leurs propres intérêts sont menacés. Sinon, on ferme les yeux sur les tripatouillages électoraux, la corruption et les violations des droits de l’homme. Les chefs d’Etats africains pour préserver leur régime et s’assurer une longévité électorale troque donc la souveraineté de leur peuple contre la bienveillance des puissances occidentales et des institutions financières. Les présidents « rebelles » sont renversés (Nkrumah), tués (Lumumba et Sankara) ou discrédités (Kagamé). Mais attention tous les dirigeants qui osent dire NON ne servent pas forcément l’intérêt de leur peuple. 

Certains d’entre eux se positionnent en victime de complots fomentés par les tenants du néocolonialisme et du libéralisme pour susciter chez leur peuple un sentiment patriotique censé occulter leurs errements démocratiques. Ce sont des imposteurs qui prétendent marcher sur les pas de héros tels que Lumumba, Cabral ou encore Sankara sauf qu’ils ne sont pas prêts à mourir pour les idéaux qu’ils prétendent incarner. Les concernés se reconnaîtront.


Compte tenu des différents types de présidents qu’on a en Afrique, il serait naïf de s’attendre à ce qu’ils changent le destin des africains. L’Afrique ne peut être sauvée que par les africains eux-mêmes. Mais encore faut-il qu’ils soient suffisamment outillés pour défendre leurs droits et préserver leur souveraineté confisquée. C’est en ce sens qu’intervient la société civile. En plus de dénoncer les dérives et manquements des Etats en place, elle éveille et conscientise les peuples. Néanmoins plusieurs obstacles freinent la réalisation de ces objectifs. 

Le droit des peuples à l’éducation n’étant pas garantie, ils ne sont pas toujours aptes à défendre leurs droits et à prendre leur destin en main. En outre, dans certains pays les revendications de la société civile sont soit insuffisamment médiatisées ou simplement censurées.  Mais il n’est pas question de baisser les bras. La démocratisation progressive de l’accès des citoyens à l’information  et à l’éducation le rôle de la société civile devrait être facilitée. Le combat continue donc.

                                                                                                                             Marlyatou DIALLO

BOUBA DIOP, PROFESSEUR D’HISTOIRE ANCIENNE À L’UCAD « C’est au niveau des jeunes qu’il faut gagner le combat »

Président du comité d’organisation du forum social africain Dakar 2014, le professeur Bouba Diop nous a accordé un entretien ce dimanche 19. Dans cette interview, il salut la prise de conscience au niveau de la jeunesse et déplore le manque de moyens.

Le Forum prend fin dans quelques heures. Quel sentiment vous anime ?
C’est un sentiment de satisfaction, de réflexion, d’interrogation, sur comment maintenir les acquis, les élargir. D’abord la marche d’ouverture s’est déroulée conformément à la tradition du forum. Nous avons aussi apporté des innovations comme la projection de films, les concerts etc. Ensuite, des débats très intéressants ont lieu sur les situations dans le monde, sur notre parcours, notre passé, notre future. Les thématiques étaient également à la hauteur. Qu’il s’agisse de l’eau, la migration, l’assainissement, l’accaparement de terres, l’éducation, les conflits, les crises…. En fin, ma plus grande satisfaction est la présence massive des jeunes à la place de l’obélisque et dans les différents ateliers. C’est au niveau des jeunes qu’il faut gagner le combat. Car ceux qui veulent maintenir le monde tel qu’il est, le savent. C’est pourquoi ils investissent au niveau de la mentalité des enfants. Donc il importe de maintenir ce sentiment d’optimisme, et se dire qu’un monde meilleur est possible.

Mais qu’est-ce qui n’a pas marché au niveau de la mobilisation ?

C’est principalement la question des moyens. L’organisation coûte très chère. Certains organismes nous ont soutenus. Si nous avions eu beaucoup de moyen, nous aurions fait venir plus de participants. Nous avons les locaux L’Etat a promis de nous soutenir dans les jours à venir. Peut être qu’il apportera sa contribution pour qu’on puisse régler le gap financier.
Toutefois, des faits très complexes sont arrivés au dernier moment. La fièvre à virus Ebola a également impacté sur la mobilisation. Aussi quand nous n’avons pas les mêmes moyens que ceux qui sont pouvoir. Nous devons toujours nous réajuster. En tout cas, ce qui s’est passé nous indique toujours la nécessité de se préparer. Que ce soit au forum social africain ou mondial ou local. Je pense que nous allons aussi articuler la présence de ceux qui ont la conviction qu’ils peuvent payer le prix financiers, physique, en matière de mobilisation. Mais également les populations qui pour le moment ne savent.  Nous devons les faire venir, discuter avec eux.

Donc revoir la stratégie de communication ?

Oui vous avez trouvé le mot! La communication multiforme, multimédia… C’est un combat de longue haleine. Les modes de communication moderne ne suffisent pas. Cela est valable pour le forum africain, mexicain, indien... Il faut toujours innover en matière de communication. J’ai suggéré hier au comité d’organisation et de communication la possibilité de recourir à nos canaux de communication traditionnelle. Il s’agit de prendre  les tams-tams pour informer les populations. Car c’est pour eux que nous nous bâtons.

Tous les pays de l’Afrique étaient-ils représentés ?


Globalement, les différentes régions de l’Afrique ont été bien représentées. Parmi eux nous notons des jeunes, des femmes, des adultes... Les africains de l’Ouest, du Nord, du Centre, de l’Est, ont tous fait le déplacement de Dakar. Au niveau de l’Afrique Australe, nous entendions quelques amis qui, malheureusement, ne sont pas venus.  

« L’éducation n’est pas privilège, c’est un droit »

Considéré comme le principal pilier du développement, l’éducation  en Afrique connait encore quelques déboires. L’association ActionAid entend contribuer à la valorisation de l’instruction.

En marge des activités de la 7éme édition du FSA, l’association humanitaire ActionAid a tenu une conférence pour défendre le droit à l’éducation. En Afrique où le taux d’alphabétisme ne dépasse pas 30% dans certains pays comme le Mali et le Niger, l’éducation est loin d’être un acquis. 

Une situation que Mme Delphine Rauch Houekpon, présidente d’ActionAid Sénégal juge inacceptable au XXIème siècle. « L’éducation n’est pas un privilège, c’est un droit », clame-t-elle. Cette afro-américaine rappelle que la communauté noire a dû mener pour avoir accès à l’éducation et appelle les peuples africains à en faire de même.  Selon elle, le droit à l’éducation n’est pas négociable. Mais il ne suffit pas de garantir l’accès à l’éducation, il est important que cette instruction soit de qualité. Certes la plupart des pays africains allouent environ 40% de leur budget à l’éducation.

« Mais quel part de ce pourcentage est effectivement utilisé pour construire des écoles, former les enseignants et remplir les cartables des apprenants ?», interroge Mme Victorine KEMONOU-DJITRINOU, coordonatrice international en éducation. Selon elle une bonne partie du budget allouée à l’éducation est détournée par la corruption ou affectée à des dépenses futiles. Pendant ce temps, il n’y a pas assez d’écoles dans certaines zones, les salles de classes sont en mauvais états, les effectifs sont pléthoriques et le niveau des enseignants, dont le nombre est déjà limité, médiocre. 

« Les ONG ne peuvent pas se substituer à l’Etat dans la mise en place d’un système éducatif accessible et de qualité. Tous ce que les ONG peuvent faire c’est assister l’Etat », tient-elle à préciser. Selon elle, le Etats africains doivent accorder une importance plus soutenue à l’éducation qui est le meilleur investissement pour asseoir un développement durable. L’instruction va permettre aux peuples africains d’être en mesure de défendre leurs droits et de veiller sur la politique de leurs gouvernants.

 C’est pourquoi l’éducation ne doit pas être limitée à l’instruction des enfants. Les adultes aussi ont droit à l’éducation. L’association Alphadev est spécialise dans l’alphabétisation des  personnes n’ayant jamais été à l’école ou qui ont interrompu leur scolarité avant terme. « On leur apprend à lire, à écrire et à calculer. Nous contribuons aussi à leur formation professionnelle », explique Mme Fatoumata Soly, formatrice. Néanmoins, la jeune femme déplore la difficile insertion professionnelle de ces adultes alphabétisés.

Marlyatou DIALLO

Aminata Traoré, activiste de la première heure


Le Forum Social Africain est un point de rencontre des intellectuels et altermondialistes du continent. Venue du Mali, la militante Aminata Traoré est l’une des figures les plus influentes de la société civile africaine. 

« L’Afrique n’est pas pauvre, elle souffre d’un manque de leadership », telle est la conviction d’Aminata Traoré. Née en 1947 au Mali dans une modeste famille, elle a fait des études en sciences sociales. Elle est titulaire d’un doctorat de 3e cycle en psychologie sociale et d’un diplôme de psychopathologie. Chercheuse en sciences sociales. Elle est titulaire d’un doctorat de 3e cycle en psychologie sociale et d’un diplôme de psychopathologie
Chercheuse en sciences sociales, elle a enseigné à l’Institut d’ethnosociologie de l’université d’Abidjan (Côte d’Ivoire) et travaillé pour plusieurs organisations régionales et internationales. Entre 1997 et 2000, elle occupe la fonction de ministre de la culture au sein du régime d’Alpha Oumar Konaré. Elle démissionnera de ce poste pour se soustraire au devoir de réserve qu’impose sa fonction. Car pour Aminata Traoré, la liberté d’expression a plus de valeur que le prestige d’un portefeuille ministériel. 
Altermondialiste de la première heure, elle a toujours dénoncé l’ingérence de la France dans la gouvernance de ses anciennes colonies.  Cette présence française qui se traduit notamment par l’utilisation du F CFA qui donne à la France le pouvoir de souffler le chaud et le froid sur les économies africaines. Elle déplore notamment les ravages de la dévaluation de 1994. En outre, la France considère l’Afrique comme une vache à lait intarissable qui l’approvisionne en ressources naturelles, en hydrocarbures en uranium … Ces richesses de l’Afrique sont à la base de la plupart des opérations militaires menées sur le continent. L’opération Serval en cours au Mali en est une parfaite illustration. 
« On nous a volé notre pays sous prétexte de nous protéger des djihadistes », regrette-t-elle. Selon elle, la déstabilisation du Mali est une conséquence de la guerre menée par la France en Lybie pour renverser le régime de Mouamar Kadhafi. Selon elle, le salut de l’Afrique repose sur la prise de conscience des peuples. D’où l’importance du Forum Social Africain (FSA) qui est l’occasion pour la société civile de participer à la prise de conscience des peuples dominés.

Marlyatou DIALLO

Le forum de l’espoir

La 7 ème édition du Forum Social Africain (FSA) a vécu. Plusieurs résolutions ont été prises dont la création d’un observatoire africain pour la gouvernance des ressources naturelles. Il permettra de combattre la complicité des dirigeants africains sur le bradage des ressources naturelles du continent et de lutter contre l’accaparement des terres et de l’eau. Une université citoyenne ouverte sera mise en place. Son rôle consistera à former les jeunes du FSA pour qu’ils puissent porter le mouvement.

L’Afrique vient-elle de trouver un tremplin pour apporter des réponses à ses problèmes ? En tout cas, la présence de plusieurs pays au forum est un bon signe. 18 pays africains ont été représentés. Environ 3400 personnes ont été présentes sur les 5000 qu’attendaient les organisateurs. Près de 117 ateliers de discussions ont été organisés. L’accaparement des terres et des eaux, les conflits, l’Education et la migration était les thèmes les plus en vue lors du forum.

Pourtant le (FSA) a été organisé dans des conditions difficiles. Les organisateurs ont rencontré des problèmes pour trouver des moyens financiers conséquents pour le déroulement du forum dans de très  bonnes conditions. Les gouvernements  africains n’ont pas donné encore une place primordiale au combat que mènent les mouvements sociaux composant le FSA. En plus la présence du virus Ebola au Libéria, à Sierra Léone, et en Guinée  a fait que ces pays n’ont pas été représentés. La propension de la pandémie causée par Ebola a failli entraver la tenue du rendez-vous des altermondialistes.

Maintenant, il faut veiller à ce que toutes les résolutions prises lors du forum soient appliquées par les Etats africains. Pour cela, la société civile doit être un levier important. Des campagnes de communication doivent être menées pour sensibiliser les populations sur les enjeux du développement. Les figures emblématiques qu’a connues l’Afrique doivent être mises en exergue pour dire à la face du monde que le continent a su toujours compter sur des hommes de valeurs. Et que  leurs œuvres soient connues et perpétuées par la jeune génération.  La jeune génération doit, avec l’aide des anciens, réinventer la roue. C’est-à-dire doter l’Afrique d’un modèle de développement économique capable de prendre en charge les préoccupations du continent.

Le rêve  n’est pas impossible à réaliser. Il faut, à partir de ce moment, que la bonne gouvernance soit une réalité en Afrique. C’est la raison pour laquelle, le forum doit être un espace de rencontre panafricaine.  
El Hadji Fallilou Fall


dimanche 19 octobre 2014

IDRISSA TOURE : Un rescapé du panafricanisme

Ingénieur de communication en retraite, Idrissa Touré participe à son premier Forum Social Africain (FSA). Selon lui, les Africains doivent s’inspirer des pères du panafricanisme pour redresser le continent.
Ceux qui ont l’habitude de participer aux ateliers du Forum Social Africain (FSA)  connaissent son visage.  Idrissa Touré se fait toujours remarquer quand il prend la parole. Son discours engagé et sa pertinence dans le raisonnement ne laissent pas indifférents. Toujours vêtu d’un caftan de couleur jaune, ce malien de soixante-ans n’a rien à envier aux jeunes. Sa corpulence, sa voix tonitruante  et ses gesticulations renseignent sur la vitalité de cet homme.
« L’homme est au centre de tout. Rien ne peut se faire sans l’homme. Il doit travailler pour améliorer son environnement. Il faut revenir aux valeurs sociales  d’antan. Dieu a dit que l’homme est amour. Donc, il ne faut pas qu’il se déshumanise. Il faut rééduquer l’homme pour qu’il ait des valeurs d’humanisme, de bravoure, d’amour et de patriotisme pour qu’il puisse gérer son pays dans le bonheur ». Ces propos, Idrissa Touré l’a dit dans les rencontres du forum où il a participé.
Pourtant, il est à sa première participation dans une rencontre de ce genre. « Pour cette année, j’ai vu que l’accaparement des terres et des eaux ont pris une place importante dans le FSA. C’est pourquoi j’ai jugé nécessaire de  venir. Il faut mener le combat contre les multinationales. Elles sont en train de nous dépouiller », note-t-il, l’air heureux.
Ingénieur de communication à la retraite, Idrissa Touré a été Directeur des études de l’école multinationale de télécommunication de Dakar, de 1989 jusqu’en 2000. Il devient ensuite le Directeur de l’établissement de 2000 à 2004. Mais avant son passage au Sénégal, il a travaillé à la Société des télécommunications de Mali (SOLTELMA) entre 1981 et 1989.
Né en 1954 à Bamako, Idrissa Touré milite dans une association appelée « JOKO NI MAAYA ». Cette association, née après de coup d’Etat de 2012 contre Amadou Toumani Touré, ancien du président du Mali, a pour but de ramener la paix au Mali. « Après le coup d’Etat, les gens ne pouvaient plus se parler. Nous avons créé cette association pour analyser la situation et apporter des solutions au problème malien », déclare-t-il en baissant le ton.
Idrissa Touré est convaincu que seuls les Africains peuvent apporter un remède à leurs problèmes. Selon lui, les personnes âgées ne doivent pas laisser le combat aux jeunes. « Nous ne pouvons pas laisser le flambeau à des jeunes désespérés. Nous devons redresser la situation et donner  la relève aux jeunes. La corruption généralisée nous a révoltés. Les gens se foutent du bien public. Aujourd’hui, le Mali connait une crise aigue et elle se traduit par l’occupation des 2/3 du territoire. C’est un problème de comportement qui a amené le pays dans une situation catastrophique que nous connaissons. Les fonctionnaires maliens cherchent à tirer le maximum de profit en exerçant leur fonction. La corruption généralisée a fait qu’on a  perdu notre sécurité économique, financière, sociale, sanitaire, judicaire et scolaire. Les forces de sécurité, au lieu de protéger les populations, leur causent du tort. Tout est à reconstruire », précise Idrissa Touré, la sueur au front.
Idrissa Touré a commencé à militer pour l’amélioration des conditions de vie de la population malienne vers les années 1968. Fidèle sympathisant du premier président du Mali, Modibo Keita, il prône le retour au panafricanisme. Selon lui la nouvelle génération a perdu ses repères.

El Hadji Fallilou Fall