vendredi 17 octobre 2014

ACCES A LA TERRE AU SENEGAL: Ces goulots qui étranglent les femmes

Les femmes contribuent à 80 % à la production des denrées alimentaires. L’atteinte de la souveraineté alimentaire sans elles, semble une illusion. D’où le thème « pas de droit à l’alimentation sans les femmes ».
« Les femmes peinent à accéder à la terre, malgré l’existence de lois le favorisant », tonne Madame Gning Mossane Dour, chargée de programme ONG Agricole Afrique (une organisation sous-régionale qui promeut l’agriculture bio). C’était, hier jeudi, à la faveur du focus 2 d’Oxfam à la 7e édition du Forum social africain Dakar 2014. Ce qui la fait dire que « ce qui se passe sur le terrain est différent de ce qui est prescrit par les textes ».
Une seule maladie, des causes multiples. Le statut social et traditionnel de la femme la défavorise par rapport à l’homme. Car ces « derniers sont toujours les maîtres de la famille », explique Madame Gning. Ainsi, les aides visant le renforcement de la capacité économique des femmes sont souvent détournées par des hommes, parce qu’ils décident à la place d’elles. Fatou Seck du réseau Wildaf révèle : « Une organisation avait donné des charrues aux femmes d’un village où elle intervenait. Sur la liste d’attribution, 111 femmes ont reçu le matériel. Mais le suivi a montré que ce sont seulement huit d’entre elles qui l’ont véritablement bénéficié». Les hommes ont détourné le reste au détriment des femmes, regrette-t-elle.
Les femmes ont difficilement accès à l’information. Ce qui est, selon Mme Seck, l’une des raisons de l’inégalité homme/femme dans le domaine de l’agriculture. Cela a comme conséquence la faible représentativité des femmes au niveau des postes de prise de décision. « Si tu n’es pas là le jour du partage. Quelqu’un d’autre prendra ta part », ironise-t-elle en Wolof. Mossane Dour d’ajouter que les femmes ont elles aussi une part de responsabilité. « Nous ne sommes pas du tout solidaires entre nous », déplore-t-elle.
Si les femmes ont accès à la terre, ce sont généralement des pauvres ou très éloignées du village qu’on leur attribue. Ce qui paraît incompatible avec leurs travaux domestiques. « Les hommes ont plus de temps libres que les nous. Nous exécutons les travaux au niveau de la maison. Nous n’accédons qu’aux parcelles éloignées du village », déplore la chargée de programme. « Si les femmes attendent qu’on leur donne nos terres, elles se font des illusions. Qu’elles se battent comme nous l’avons fait», fustige un débatteur. Mossane Dour a donc appelé les femmes à l’union sacrée pour réclamer ce qui les revient de droit.


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