Les femmes contribuent à 80 % à la
production des denrées alimentaires. L’atteinte de la souveraineté alimentaire
sans elles, semble une illusion. D’où le thème « pas de droit à
l’alimentation sans les femmes ».
« Les femmes peinent à accéder à la terre,
malgré l’existence de lois le favorisant », tonne Madame Gning Mossane
Dour, chargée de programme ONG Agricole Afrique (une organisation sous-régionale
qui promeut l’agriculture bio). C’était, hier jeudi, à la faveur du focus 2
d’Oxfam à la 7e édition du Forum social africain Dakar 2014. Ce qui
la fait dire que « ce qui se passe
sur le terrain est différent de ce qui est prescrit par les textes ».
Une seule maladie,
des causes multiples. Le statut social et traditionnel de la femme la
défavorise par rapport à l’homme. Car ces « derniers sont toujours les
maîtres de la famille », explique Madame Gning. Ainsi, les aides visant le
renforcement de la capacité économique des femmes sont souvent détournées par
des hommes, parce qu’ils décident à la place d’elles. Fatou Seck du réseau
Wildaf révèle : « Une organisation avait donné des charrues aux
femmes d’un village où elle intervenait. Sur la liste d’attribution, 111 femmes
ont reçu le matériel. Mais le suivi a montré que ce sont seulement huit d’entre
elles qui l’ont véritablement bénéficié». Les hommes ont détourné le reste au
détriment des femmes, regrette-t-elle.
Les femmes ont
difficilement accès à l’information. Ce qui est, selon Mme Seck, l’une des
raisons de l’inégalité homme/femme dans le domaine de l’agriculture. Cela a
comme conséquence la faible représentativité des femmes au niveau des postes de
prise de décision. « Si tu n’es pas là le jour du partage. Quelqu’un d’autre
prendra ta part », ironise-t-elle en Wolof. Mossane Dour d’ajouter que les
femmes ont elles aussi une part de responsabilité. « Nous ne sommes pas du
tout solidaires entre nous », déplore-t-elle.
Si les femmes ont
accès à la terre, ce sont généralement des pauvres ou très éloignées du village
qu’on leur attribue. Ce qui paraît incompatible avec leurs travaux domestiques.
« Les hommes ont plus de temps libres que les nous. Nous exécutons les
travaux au niveau de la maison. Nous n’accédons qu’aux parcelles éloignées du
village », déplore la chargée de programme. « Si les femmes attendent
qu’on leur donne nos terres, elles se font des illusions. Qu’elles se battent
comme nous l’avons fait», fustige un débatteur. Mossane Dour a donc appelé les
femmes à l’union sacrée pour réclamer ce qui les revient de droit.
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