Les rideaux sont tombés sur la 7ème
édition du Forum Social Africain. Pendant 5 jours les altermondialistes se sont
réunis à Dakar pour réfléchir sur les problèmes qui plombent l’émergence
sociale et économique du continent. C’est l’occasion de s’interroger sur l’utilité
de ce rendez-vous des altermondialistes.
L’Afrique est sans doute l’un des
continents les mieux dotés par la nature. Son sous sol renferme une importante
réserve de minerais et de ressources naturelles. Ses terres sont vastes et
fertiles. Ses eaux, situées dans la zone tropicale, riches en ressources
halieutiques. De plus, alors que les autres continents connaissent un
ralentissement démographique et un vieillissement de la population, l’Afrique connait
une démographie galopante et une population jeune. Malgré tous ces avantages,
l’Afrique tarde à décoller. Une majorité d’Africains vivent encore dans la
précarité et le dénuement. Comment expliquer le contraste entre la richesse
naturelle du continent africain et la misère des africains ?
« L’Afrique n’est pas pauvre, elle souffre d’un manque de
leadership », déclare notamment Aminata Traoré. Autrement dit, ceux qui
président aux destinées des peuples africains n’ont pas toujours la poigne, la
compétence et le patriotisme qui font les bons leaders. Ce sont pour la plupart
des chefs d’Etat en manque de légitimité qui sont davantage préoccupés par leur
avenir électoral et leurs intérêts personnels que par le sort de leur peuple.
Leur
présidence ne profite donc qu’à leur entourage. Cette déplorable situation ne
provoque l’indignation des puissances occidentales que quand leurs propres
intérêts sont menacés. Sinon, on ferme les yeux sur les tripatouillages électoraux,
la corruption et les violations des droits de l’homme. Les chefs d’Etats
africains pour préserver leur régime et s’assurer une longévité électorale troque
donc la souveraineté de leur peuple contre la bienveillance des puissances
occidentales et des institutions financières. Les présidents
« rebelles » sont renversés (Nkrumah), tués (Lumumba et Sankara) ou
discrédités (Kagamé). Mais attention tous les dirigeants qui osent dire NON ne
servent pas forcément l’intérêt de leur peuple.
Certains d’entre eux se
positionnent en victime de complots fomentés par les tenants du néocolonialisme
et du libéralisme pour susciter chez leur peuple un sentiment patriotique censé
occulter leurs errements démocratiques. Ce sont des imposteurs qui prétendent
marcher sur les pas de héros tels que Lumumba, Cabral ou encore Sankara sauf
qu’ils ne sont pas prêts à mourir pour les idéaux qu’ils prétendent incarner. Les
concernés se reconnaîtront.
Compte tenu des différents types
de présidents qu’on a en Afrique, il serait naïf de s’attendre à ce qu’ils
changent le destin des africains. L’Afrique ne peut être sauvée que par les
africains eux-mêmes. Mais encore faut-il qu’ils soient suffisamment outillés
pour défendre leurs droits et préserver leur souveraineté confisquée. C’est en
ce sens qu’intervient la société civile. En plus de dénoncer les dérives et
manquements des Etats en place, elle éveille et conscientise les peuples. Néanmoins
plusieurs obstacles freinent la réalisation de ces objectifs.
Le droit des
peuples à l’éducation n’étant pas garantie, ils ne sont pas toujours aptes à défendre
leurs droits et à prendre leur destin en main. En outre, dans certains pays les
revendications de la société civile sont soit insuffisamment médiatisées ou
simplement censurées. Mais il n’est pas
question de baisser les bras. La démocratisation progressive de l’accès des
citoyens à l’information et à
l’éducation le rôle de la société civile devrait être facilitée. Le combat
continue donc.
Marlyatou DIALLO
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